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Traduire le monde : 30 ans de nouveaux noms de pays

André Racicot
(L’Actualité terminologique, volume 31, numéro 1, 1998, page 19)

À l’occasion de son trentième anniversaire, L’Actualité terminologique a demandé à son chroniqueur spécialisé dans la toponymie internationale de jeter un regard sur l’évolution du paysage mondial de ces trente dernières années.

ll n’y a pas si longtemps, Expo 67 faisait courir les foules à Montréal. Si une telle exposition avait lieu de nouveau, il y a fort à parier que bon nombre de pavillons porteraient un autre nom, si l’on en juge par le nombre d’États qui ont changé de nom au cours des trois dernières décennies. Que ce soit l’accession à l’indépendance, la réunification d’un pays divisé, l’avènement d’un nouveau régime politique ou bien tout simplement la recherche d’une certaine pureté linguistique, bien des raisons peuvent justifier l’adoption d’un nouveau toponyme.

Le vent de décolonisation qui a soufflé sur l’Afrique dans les années 60 et 70 a semé bon nombre de nouvelles appellations. Que l’on songe au Bénin (ex-Dahomey) ainsi qu’au Zimbabwe (ex-Rhodésie du Sud). Et aux deux Guinées, espagnole et portugaise, devenues respectivement la Guinée équatoriale et la Guinée-Bissau, sans oublier le Cap-Vert, issu également de l’ancienne colonie portugaise. Parmi les autres États africains qui ont changé de nom après leur accession à l’indépendance, mentionnons la Haute-Volta, rebaptisée le Burkina Faso. Dernier en date, le Zaïre, qui s’appelle maintenant la République démocratique du Congo.

L’Asie a aussi connu pas mal de soubresauts : le Cambodge a cahoté entre les noms de Kampuchéa démocratique, et de République populaire du Kampuchéa avant de reprendre son identité initiale. Le Pakistan-Oriental est devenu le Bangladesh, et la Birmanie, le Myanmar, nom pourtant peu employé à l’étranger. Enfin, les amateurs de thé se sont graduellement habitués à déguster leurs infusions du Sri Lanka, même si bien des marchands vendent encore du thé de Ceylan. Les mécontents pourront toujours aller en boire une tasse aux Nouvelles-Hébrides, pardon, au Vanuatu. (Après la Papouasie-Nouvelle-Guinée, tournez à droite.)

En Europe, comment passer sous silence le morcellement, en 1991, de l’Union soviétique en une kyrielle d’États, dont la Biélorussie et la Moldavie, qui ont pris le nom de Bélarus et de Moldova. La Kirghizie et la Turkménie sont devenues le Kirghizistan et le Turkménistan. La Tchécoslovaquie, née au lendemain de la Première Guerre mondiale, a donné naissance à la République tchèque et à la Slovaquie. Enfin, l’implosion de la Yougoslavie a provoqué l’apparition de la Croatie, de la Bosnie-Herzégovine et de la République fédérative de Yougoslavie, dominée par la Serbie. La Macédoine a pris le nom officiel et bucolique d’ex-République yougoslave de Macédoine, dont l’abréviation tout aussi charmante est FYROM.

Les Amériques ont connu 30 années plus calmes pendant lesquelles la Guyane hollandaise a pris le nom de Suriname, tandis que le Honduras britannique devenait le Belize.

Quelques îles ont également saisi l’occasion de leur accession à l’indépendance pour se parer d’un nouveau toponyme. C’est ainsi que les Îles Ellice, Gilbert et Saint-Christophe-et-Nevis ont pris le nom de Tuvalu, Kiribati et Saint-Kitts-et-Nevis.

On a par ailleurs été témoin de réunifications : celles des deux Vietnams et celle des deux Yémens. Les deux Allemagnes n’en font plus qu’une. La République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) et la République de Corée (Corée du Sud) seraient-elles à nous préparer une suprise du même tonneau?