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L’Institut d’été de jurilinguistique prend de l’ampleur

Iliana Auverana
(L’Actualité langagière, volume 7, numéro 1, 2010, page 23)

L’Institut d’été de jurilinguistique est un forum annuel créé dans le but de faire connaître les travaux de jurilinguistique au Canada et de favoriser les échanges entre langagiers du droit canadien. La jurilinguistique consiste en l’étude linguistique du discours juridique. Étant donné que chaque système de droit (droit civil et common law) et chaque langue a ses particularités, elle cherche plus spécifiquement à élaborer des techniques pour améliorer la qualité des textes juridiques en respectant la complexité et les nuances de chaque système ainsi que le génie de la langue. Elle s’exerce également dans des contextes unilingues et multilingues et dans un cadre juridique unisystémique ou multisystémique.

Pour ces raisons, présenter les règles du droit de manière claire dans les textes juridiques demeure une préoccupation dans le milieu juridique. Cette préoccupation est encore plus marquée au Canada en raison du dualisme juridique et législatif et, par conséquent, du besoin de promouvoir l’accès à la justice dans les deux langues officielles. Dans ce contexte, la jurilinguistique prend une importance grandissante. Pour appuyer et promouvoir les activités en la matière, les centres de jurilinguistique ont proposé la création de l’Institut d’été de jurilinguistique.

Les débuts de l’Institut d’été

La rencontre inaugurale de ce forum a eu lieu le 5 août 2005 à la Faculté de droit de l’Université McGill, à Montréal. Y ont participé une vingtaine de jurilinguistes venant, pour la plupart, des quatre centres canadiens de jurilinguistique : le Centre de traduction et de terminologie juridiques (CTTJ) de l’Université de Moncton, le Centre de traduction et de documentation juridiques (CTDJ) de l’Université d’Ottawa, l’Institut Joseph-Dubuc (IJD) du Collège universitaire de Saint-Boniface, à Winnipeg, et le Centre de recherche en droit privé et comparé du Québec (CRDPCQ) de l’Université McGill. Cette première rencontre a porté sur trois aspects de la pratique de la jurilinguistique : la traduction de la jurisprudence, l’intégration de la terminologie normalisée et la lexicologie juridique.

Le 4 août de l’année suivante, l’auditoire s’est élargi. Une trentaine d’experts, de chercheurs et d’étudiants ont ainsi pu entendre des exposés traitant de sujets tels que la formation des jurilinguistes au Canada, la traduction des citations dans les jugements et la terminologie relative au droit des biens.

Coup d’œil sur l’Institut de 20091

L’Institut a fait relâche en 2007 et 2008, puis le projet a été relancé en 2009 : une troisième rencontre a eu lieu le 31 août dernier, à la Faculté de droit de l’Université McGill. Le nombre de participants a encore augmenté. En effet, plus de quatre-vingt personnes venant de divers milieux liés à la jurilinguistique y assistaient : représentants de différentes cours, fonctionnaires, avocats, notaires, professeurs et chercheurs universitaires.

Les deux premiers exposés ont fait ressortir des difficultés inhérentes à la traduction. Me Francie Gow, avocate-traductrice, a souligné l’importance de se rendre compte de ses lacunes dans les questions de droit et de procédure. Ensuite, Mme Jimena Andino Dorato, avocate argentine, a décrit l’expérience de la publication d’une édition trilingue du Code civil du Québec (français, anglais et espagnol) en tant qu’étude de cas jurilinguistique. Selon elle, le traducteur doit jouer le rôle d’interprète.

Les techniques employées par le Comité de normalisation du vocabulaire français de la common law dans le cadre de la Promotion de l’accès à la justice dans les deux langues officielles (PAJLO) ont été présentées lors d’une table ronde. Trois membres du Comité, Sylvette Savoie Thomas (CTTJ), Isabelle Chénard (CTDJ) et l’auteure (Bureau de la traduction du Canada), ont respectivement entretenu l’auditoire du processus de normalisation, de la rédaction d’un dossier de normalisation et des publications produites par le Comité.

Mme Gisèle Barnabé, directrice de l’IJD, a analysé la possibilité d’employer dans le domaine juridique le modèle de formation en français offert aux professionnels du domaine de la santé au Manitoba. Ensuite, Me Aileen Doetsch, traductrice pour l’Institut Max Planck de Hambourg, en Allemagne, a fait un exposé sur les difficultés liées à la diversité des langues et des systèmes juridiques auxquelles doivent faire face les traducteurs de l’Union européenne quand ils traduisent des textes de doctrine.

Pour terminer, M. Nicholas Kasirer, juge à la Cour d’appel du Québec, a décrit son projet, qui porte sur la traduction anglaise de la pensée de Gérard Cornu, maître d’œuvre du Vocabulaire juridique et auteur de l’ouvrage Linguistique juridique. M. Kasirer tente de déterminer dans quelle mesure la traduction anglaise respectera le français civiliste de Cornu.

Un bel avenir pour l’Institut d’été

L’Institut d’été se veut un forum de perfectionnement des connaissances en jurilinguistique. Il vise la consolidation de la mise en réseau des participants et le transfert des savoir-faire. Appréciée par tous les participants, cette activité est maintenant reconnue par le Barreau du Québec dans le cadre de la formation obligatoire. Les organisateurs ont discuté de la possibilité d’entreprendre des démarches pour que ce forum soit reconnu par d’autres barreaux. La prochaine rencontre devrait avoir lieu en août 2010.

Remarque