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Traduire le monde : Les parlements

André Racicot
(L’Actualité langagière, volume 1, numéro 1, 2004, page 20)

Les noms de parlement peuvent susciter des débats entre les langagiers, ne serait-ce que pour décider s’il faut les traduire ou non. La réponse à cette question est pourtant simple : en général, les noms des grandes institutions politiques se traduisent toujours.

Autrement, nous serions obligés d’énoncer le nom des ministères japonais en utilisant la langue nipponne, de parler de la présidence brésilienne en portugais, etc. Bref, autant être polyglotte! Les noms de parlement se traduisent aussi, et ce, pour les mêmes raisons. De plus, lorsqu’il est question d’un parlement en particulier, ce mot s’écrit le plus souvent avec la majuscule, comme le font d’ailleurs le Robert et le Larousse : le Parlement européen.

Le Parlement du Canada est calqué sur le modèle de celui de la Grande-Bretagne. Ainsi nous avons une Chambre des communes, aussi appelée les Communes. Le Sénat canadien, toutefois, n’a pas gardé le nom britannique de Chambre des lords. Le nom des deux chambres du Parlement britannique ne semble pas avoir essaimé ailleurs que dans notre pays.

Il n’en est rien pour ce qui est des deux composantes du Congrès américain, soit la Chambre des représentants et le Sénat. Saviez-vous que le Parlement bicaméral de Belgique est lui aussi divisé en une Chambre des représentants et un Sénat? C’est là un exemple parmi d’autres.

L’appellation Assemblée nationale a elle aussi beaucoup voyagé. On sait que le parlement québécois a pris ce nom en 1968, mais bon nombre d’anciennes colonies françaises l’ont également adopté. Que l’on songe à l’Algérie, au Bénin, au Cameroun, au Gabon, au Sénégal…

Le mot Diète a lui aussi fait recette, si je puis dire… À l’origine, une diète était une assemblée politique. (Les parlements du Japon et de la Pologne s’appellent d’ailleurs la Diète.) Le mot tire son origine du latin dieta, qui signifie « jour assigné ».

À cet égard, certains penseront peut-être au cas de l’Allemagne et de son Bundestag, nom de la chambre basse, où Tag signifie « jour ». On observe le même phénomène en Suède, dont le Parlement porte le nom de Riksdag.

Ces appellations semblent contredire la constatation initiale de cet article, à savoir que les noms d’institutions se traduisent. Mais comme d’habitude, il y a des exceptions, qui sont ici fort nombreuses. Commençons par deux pays européens, la Russie et l’Espagne, dont les parlements sont bien connus sous leur nom original, la Douma et les Cortes. Puisqu’il était question de diète, eh bien ajoutons une pincée de gaélique avec l’Irlande (Dáil) et une bonne cuillerée de noms scandinaves avec l’Islande (Althing), le Danemark (Folketing) et la Norvège (Storting). Et comme émulsifiant, quoi de mieux que la très épicurienne Rada suprême que nous offre l’Ukraine? On imagine un dessert affriolant…

Mais il n’y a pas que les parlements européens qui peuvent garder leur nom original en français. On peut aussi penser à la Knesset israélienne ou au Majlis iranien. Ceux qui suivent l’actualité en Afghanistan connaissent la loya jirga, cette assemblée réunissant les chefs tribaux du pays. Ce nom signifie « grand conseil » en langue pachtoune et, assez curieusement, ne prend pas de majuscule.

Ici, une question s’impose : pouvons-nous tout simplement traduire ces noms par le mot « Parlement »? Bien sûr que si. Mais il serait dommage de priver nos textes d’une petite touche d’exotisme somme toute la bienvenue.