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Faire face à

Jacques Desrosiers
(L’Actualité terminologique, volume 30, numéro 3, 1997, page 26)

Que veut dire la phrase : The government was faced with severe difficulties?

Elle veut dire bien sûr que le gouvernement se heurtait à de graves difficultés et qu’il devait les affronter. « If you are faced with [something difficult or unpleasant], lit-on dans le Collins Cobuild, it is going to affect you and you have to deal with it. »

Peut-on rendre cette phrase en français par : Le gouvernement faisait face à de graves difficultés? La tournure est fréquente. Mais quand on y regarde de près, c’est une phrase un peu étrange et qui, en fait, n’a pas le même sens que l’anglais, du moins si l’on se fie aux dictionnaires. Car elle signifierait plutôt que le gouvernement affrontait déjà les difficultés, qu’il avait pris le taureau par les cornes et qu’il luttait. C’est le seul sens figuré de faire face à que mentionne, par exemple, le Petit Robert : « réagir efficacement en présence de quelque difficulté ».

Et il en va de même dans tous les ouvrages : « faire front à, pourvoir à » (Petit Larousse); « Au fig. Être en mesure de répondre, de pourvoir à quelque chose » (Trésor de la langue française); « réagir efficacement à une difficulté » (Lexis); « fig. Être en mesure d’assumer ses responsabilités, de surmonter une difficulté » (Grand Larousse de la langue française); et ainsi de suite.

Faire face à, c’est agir, c’est passer à l’action; tandis que to be faced with décrit seulement la situation passive qui consiste à se trouver devant un obstacle, à être aux prises avec une difficulté, à traverser une crise, qu’il va falloir résoudre bien sûr. Mais le pays qui traverse une crise n’y fait pas nécessairement face; il n’est pas dit que celui qui essuie des revers ne se découragera pas, au lieu de persévérer, d’aller hardiment au-devant des problèmes, bref d’y faire face.

Comme il faut bien faire face un jour ou l’autre aux problèmes qui nous assaillent, les dictionnaires bilingues proposent souvent de rendre to be faced with par devoir faire face à. L’usage, qui est moins pointilleux, cherche peut-être à faire sauter cet embarrassant devoir. Mais il risque ainsi de prêter à celui qui doit faire face à un problème des qualités qu’il n’a pas encore prouvées. Passer aux actes suppose encore qu’on fasse au moins un petit pas en avant.

La phrase du début aurait pu être traduite de multiples façons : Le gouvernement était aux prises avec de graves difficultés, par exemple, ou encore devait faire face à de graves difficultés. On n’a toujours que l’embarras du choix pour rendre to be faced with en français : on peut se heurter à un problème, se trouver devant ou en présence d’un problème, rencontrer des difficultés, être confronté à, devoir faire face à, être obligé ou contraint de faire face à, buter sur des problèmes, traverser une crise, etc., sans parler de toutes les tournures moins littérales comme les problèmes que suscitent… et tous les autres tours que peut suggérer l’imagination.