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La petite histoire d’une expression : Être le dindon de la farce

Fanny Vittecoq
(L’Actualité langagière, volume 8, numéro 4, 2012, page 34)

On rencontre l’expression être le dindon de la farce dès 1790. Deux hypothèses circulent quant à son origine. Selon la première, l’expression pourrait remonter aux pères dindons des comédies bouffonnes ayant eu cours du Moyen Âge jusqu’à la Révolution française. Au nombre des personnages de ces pièces, on trouvait souvent des pères crédules et dupés par des fils irrespectueux. Ils finissaient toujours par être le dindon de la farce, le dindon symbolisant depuis toujours la sottise et le ridicule, et la farce prise dans son sens de « petite pièce comique ».

La seconde hypothèse ne fait toutefois pas rire. Avertissement : le texte qui suit pourrait ne pas convenir aux âmes sensibles.

De pauvres dindons faisaient les frais d’un divertissement forain très en vogue à Paris de 1739 à 1844, le ballet des dindons. Le spectacle consistait à placer les volailles sur une plaque métallique surélevée et clôturée et à chauffer progressivement la plaque, forçant les poulets, pour ne pas se brûler les pattes, à sauter et à « danser » au rythme d’une musique qui devenait de plus en plus endiablée. Et les gens riaient de cette barbarie. Heureusement, en 1844, on interdit le ballet des dindons, en même temps que les combats d’animaux.

L’expression aurait été popularisée de nouveau en 1896 par la pièce de théâtre Le dindon de Georges Feydeau, dans laquelle le malheureux dragueur Pontagnac est le dindon de la farce.

Je dois l’avouer : dans ma vingtaine, j’ai été avec une amie l’instigatrice d’une farce de ce type, mais tout de même beaucoup moins cruelle pour sa victime. En plein été, nous avions placé sur le toit de notre voiture de la neige récupérée dans la cour d’un aréna. Nous avions alors conduit dans une rue très achalandée, portant écharpes, tuques et mitaines. Le dindon de la farce, ce fut ce piéton auquel nous avions demandé notre chemin… vers le pôle Nord! Complètement déboussolé, il avait balbutié d’évasives indications, et la mise en scène avait déclenché les rires des passants.

Vous l’aurez deviné, être le dindon de la farce signifie « se faire avoir, faire les frais d’une plaisanterie, être trompé et ridiculisé, être victime d’une duperie tout en étant la risée du public ».