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Traduire le monde : les noms de ministères

André Racicot
(L’Actualité langagière, volume 3, numéro 2, 2006, page 23)

Faut-il traduire le nom du Ministry of Internal Affairs de l’Ukraine? De prime abord, on pourrait penser que non, puisque le français n’a pas de statut officiel dans ce pays. Le langagier risquerait donc sa réputation en s’aventurant à inventer une appellation, avec tout le lot de pièges insidieux que cet exercice comporte. Le dernier énoncé est pourtant un sophisme.

Comme chacun le sait, le nom des grandes institutions des pays étrangers est presque toujours traduit. Ne parle-t-on pas couramment de la Maison-Blanche à Washington, de la Diète du Japon, du palais du Quirinal à Rome? Il en va de même pour les titres de postes : le président de la Pologne rend visite au roi du Cambodge; le ministre des Affaires étrangères de l’Indonésie rencontre le premier ministre de la Thaïlande. La même logique ne devrait-elle pas valoir pour les titres de ministères? La réponse est évidente.

Dans le cas cité en début de texte, la traduction s’impose, d’autant plus que l’anglais n’a pas de statut officiel en Ukraine. Ministère de l’Intérieur conviendra parfaitement. Les pays anglophones voient eux aussi le nom de leurs ministères traduits en français. Qui penserait à écrire le Department of Homeland Security des États-Unis, alors que n’importe quel journal francophone parle du département de la Sécurité intérieure?

L’anglais peut toutefois réserver quelques difficultés au langagier francophone, car le générique peut varier. Ainsi, on parlera du Ministry of Defence en Grande-Bretagne, alors que le ministère de la Santé dans ce pays s’appelle Department of Health. Dans les deux cas, la traduction française est la même : ministère, parce que le générique département est peu employé dans notre langue, même si son sens premier est celui d’une administration ministérielle. Deux exceptions : les ministères américains sont appelés départements, de même que ceux de la Suisse.

Les noms de ministères peuvent parfois se décliner de manière originale. Pensons au cas du Mexique, où ceux-ci s’appellent des secrétariats. Un bel exemple : Secretaría de Relaciones Exteriores, qui devient secrétariat aux Relations extérieures. On conserve ici le même générique que dans la langue originale. Deux autres choses à remarquer dans cet exemple : la préposition aux, utilisée avec le générique secrétariat, et la majuscule à l’élément déterminatif.

Sur ce plan, les noms des ministères étrangers suivent les mêmes règles que celles du Canada. Le générique ministère reste en minuscule, tandis que l’élément spécifique prend la majuscule. Lorsque ce dernier comporte deux éléments, ils prennent chacun la majuscule. Ainsi, il y a uniformité des graphies entre ministères canadiens et ministères étrangers. Exemple percutant : le ministère de la Promotion de la vertu et de la Répression du vice, en Afghanistan, à l’époque des talibans.

Les titres de ministres suivent les mêmes règles. On parlera par exemple du ministre des Transports. Il convient cependant de noter que les ministres américains portent le titre de secrétaire : le secrétaire aux Transports. Bien entendu, il n’y aurait aucune faute de sens à écrire le ministre américain des Transports, comme on le verrait sûrement dans un journal. Mais il serait plus exact d’employer le vrai générique.

Les ministères des Affaires étrangères portent souvent des titres marginaux. Nous avons parlé de celui du Mexique. Mais le plus connu est certainement celui du Royaume-Uni : le Foreign Office. En fait, son titre exact est le Foreign and Commonwealth Office. Ce ministère est connu partout dans le monde, probablement en raison du rayonnement qu’avait jadis la Grande-Bretagne. La formulation anglaise se rend mal en français et dans les autres langues, de sorte que l’appellation originale est conservée. Elle a en quelque sorte acquis ses lettres de noblesse.

Autre titre un peu marginal : le Département d’État américain, dont le titulaire est le secrétaire d’État. Ce titre prête d’ailleurs à confusion, car on croirait avoir affaire à un ministre de second plan… Pourtant, il n’y a pas si longtemps, notre propre ministre des Affaires étrangères portait le titre de secrétaire d’État aux Affaires extérieures. Cette appellation a heureusement été modernisée en 1993, pour devenir tout simplement ministre des Affaires étrangères.

Malgré les derniers cas mentionnés, la traduction des noms de ministères ne pose généralement pas de problème en français. Il suffit de garder en tête que tous les titres – y compris les plus originaux – doivent être traduits, et que le Foreign Office est tout simplement l’exception qui confirme la règle.