Cette pluralité des sens est qualifiée de polysémie de juxtaposition en linguistique juridique (Cornu, 1991a), les divers sens du mot cause étant juxtaposés du fait qu’ils désignent des réalités différentes.
En droit canadien, la cause en état ("case ready for judgment") est celle dont l’instruction peut commencer.
Le terme cause d’action, courant en droit canadien, critiqué par certains, est bien formé en français. « La menace d’un préjudice est une cause légitime d’action. » Cause d’action continue; cause d’action reconnue en droit; cause indépendante d’action. Naissance de la cause d’action (une cause d’action prend naissance, est née). On trouve aussi droit de recours, droit d’action et base d’action judiciaire ou en justice. On peut aussi formuler la notion autrement : la demande du requérant est recevable (plutôt que le requérant a une cause d’action valable).
Cause adéquate; cause éloignée, cause prochaine ("causa proxima" en latin), cause la plus proche, la plus immédiate du danger, à l’origine du danger; cause déterminante ("causa causans"); cause ou condition essentielle ("causa sine qua non"); voir CAUSA. Équivalence des causes, causes équivalentes. Absence de cause : « Il y a absence de cause dans les contrats synallagmatiques quand la promesse d’une des parties s’avère impossible à réaliser. » Cause directe, indirecte (du dommage); cause contributive; cause exclusive (de l’accident); cause réelle et sérieuse (Code du travail, en France); causes possibles ou concourantes (du préjudice). Imputer, retenir une cause. « L’inexécution de l’obligation provient d’une cause qui ne peut lui être imputée. »
Le droit anglais ignore la cause dans ce sens : pour qu’une promesse devienne juridiquement obligatoire, il exige que celui qui s’en prévaut ait fourni une contrepartie, élément nécessaire à la formation du contrat (voir CONTREPARTIE).
Seuls sont dits techniquement à cause de mort les actes passés dont les effets sont reportés au décès de leur auteur. Par exemple le testament et l’assurance en cas de décès. L’antonyme d’acte à cause de mort est acte entre vifs. Activité juridique à cause de mort. Demandes relatives à l’exécution des dispositions à cause de mort.
Deuxième sens : concerné, en question. Produits en cause. Métaphore juridique qui s’emploie surtout pour qualifier tout ce qui n’est pas considéré comme certain ou acquis. L’expression s’applique tant aux personnes qu’aux choses. « La charge de la preuve en cette matière incombe à celui dont la nationalité est en cause. »
Il faut éviter d’employer l’expression mettre en cause au sens de mettre en jeu, porter sur. Au lieu de dire : « Cette affaire [met en cause] la responsabilité du locateur. », on dira : « Cette affaire porte sur la responsabilité du locateur. ».
La partie qui est mise en cause s’appelle le mis en cause (la graphie mis-en-cause est moins courante et n’est pas attestée par les dictionnaires).
Dans la langue usuelle, mettre qqn en cause, c’est l’impliquer dans une affaire louche.
Variante : Pour autre cause. Être détenu pour autre cause. « Si l’accusé est absous ou acquitté, il est mis immédiatement en liberté s’il n’est retenu pour autre cause. »
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