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Pour traduire Twitter

André Guyon
(L’Actualité langagière, volume 10, numéro 1, 2013, page 28)

Les nouveaux médias représentent des marchés prometteurs, mais ils posent aussi des défis de taille. En 2013, l’avenir de la technologie se joue sur les tablettes et les téléphones. Pour le meilleur ou pour le pire, Twitter fait partie des nouveaux moyens de communication à la mode, même chez les personnalités médiatiques et les dirigeants d’organisations prestigieuses. Cette réalité crée de nouveaux besoins. Il reste à voir comment procéder de façon optimale pour la traduction des gazouillis.

Voici neuf particularités de ce nouveau phénomène :

  1. Les messages, appelés gazouillis, sont très fréquents.
  2. Leur traduction ne peut pas attendre bien longtemps.
  3. Ils accompagnent les grands événements.
  4. Leur longueur est limitée à 140 caractères.
  5. Ils comprennent souvent des raccourcis créatifs (à l’image du clavardage et des textos).
  6. La même personne peut gazouiller dans plus d’une langue.
  7. Les échanges peuvent être unilingues, bilingues ou multilingues.
  8. Les outils d’aide à la traduction ne sont généralement pas très bien adaptés pour répondre à cette demande émergente.
  9. Les domaines des « textes » sont infiniment variés.

La fréquence des gazouillis présage un certain volume de travail… dans des domaines variés et plus ou moins prévisibles. Ce genre de travail de traduction risque donc de plaire davantage aux traducteurs généralistes qu’aux spécialistes. Cependant, le cas plus prévisible d’un concert de gazouillis portant sur un thème spécialisé constituerait une bonne occasion pour les généralistes d’adopter de nouvelles habitudes de travail. Je pense aussi que les jeunes langagiers seront plus attirés par la traduction de gazouillis; ils sont plus habitués au style d’information d’aujourd’hui caractérisé par sa variété et ses petites capsules.

Cela va sans dire, le mode de facturation et de traitement des messages diffusés sur Twitter ne peut pas suivre la bonne vieille demande de traduction ou le bon de commande. Cela dit, bien des organismes offrent déjà à leurs clients des forfaits permettant de traiter des contenus courts et fréquents, sans avoir à remplir chaque fois un bon de commande.

Il faut préférablement être disponible après les heures de travail normales, puisque les messages peuvent arriver à toute heure du jour et de la nuit.

Enfin, le caractère d’« urgences spontanées » de ces messages, un peu comme les avertissements météorologiques, implique qu’on puisse les traiter rapidement.

Comme je l’ai déjà mentionné, une partie du « gazouillage » porte sur les grands événements. Il faut donc trouver rapidement de la documentation de fond sur les événements en question. C’est ce que font déjà les interprètes, plus ou moins sans outil d’aide particulier. Un logiciel de recherche intelligente, qui reprendrait ce que visait un ancien projet du Conseil national de recherches Canada dont j’ai déjà parlé, TerminoWeb*, permettrait de rassembler rapidement une collection de documents pertinents.

Particularités techniques

Certains composants peuvent être grandement améliorés pour mieux répondre aux besoins liés à la traduction de gazouillis.

Le maximum de 140 caractères pose évidemment un défi au traducteur. Parfois, malgré toute la concision et la bonne volonté du monde, le traducteur n’arrivera pas à se limiter à 140 caractères, p. ex. en raison de longues appellations officielles.

  • Un utilitaire devrait indiquer en temps réel le nombre de caractères du gazouillis et gérer la continuation automatique dans un autre gazouillis.

    • Le logiciel avertit le traducteur qu’il vient de dépasser les 140 caractères et lui propose de diffuser le message en deux gazouillis consécutifs. À la fin du premier, il insère automatiquement un symbole indiquant que la suite se trouve dans le gazouillis suivant.
    • Le logiciel essaie de trouver un point où couper. Idéalement après un signe de ponctuation; s’il n’y en a pas, après un mot en tenant compte du symbole indiquant qu’il y a une suite au message.
    • Dans le gazouillis suivant, le logiciel insère un symbole indiquant qu’il s’agit de la suite du gazouillis précédent.

Le fait qu’un client demande d’être traduit du français à l’anglais ne garantit pas qu’il s’exprimera toujours en français (en particulier au Canada). Réciproquement, bon nombre de personnalités anglophones canadiennes aiment parfois s’exprimer en français.

  • Par conséquent, comme la langue du locuteur peut varier, un composant détecteur de langue permettrait de confier le message à traduire au traducteur approprié.
  • En outre, il est parfois nécessaire de passer par une langue pivot. Par exemple, un traducteur pourrait comprendre l’algonquin et le français, mais pas l’anglais; un autre l’espagnol et l’anglais, mais pas le français.
  • Qu’on passe par une langue pivot ou non, il faut une file d’attente intelligente qui retient les messages d’origine jusqu’à ce qu’ils soient traduits. Pourquoi? Tout simplement pour éviter qu’un simple « oui » en réponse à une longue question soit traduit bien avant la question.
  • Quand il faut passer par une langue pivot, il faut attendre le temps de la traduction vers toutes les langues cibles, par exemple, de l’espagnol à l’anglais, puis de l’anglais au français.
  • Contrairement au clavardage, la traduction de gazouillis peut certainement attendre un peu, mais pas nécessairement beaucoup plus longtemps, en particulier quand il s’agit d’un échange entre deux personnes.
  • Par conséquent, la file intelligente doit être capable de rediriger le message à traduire vers un autre traducteur qui travaille dans la même combinaison de langues, si le premier ne semble plus être à son poste depuis un certain temps.
  • Dans la même veine, une fonction de type messagerie instantanée permettrait aux traducteurs de lancer un appel à l’aide à des collègues qui traitent un fil de conversation donné.

Évidemment, tout ce qui précède devrait être intégré à un environnement d’aide au traducteur comprenant une mémoire, un bitexte, un moteur de traduction automatique, une banque de terminologie, un correcticiel, etc.

Enfin, les raccourcis fréquemment utilisés méritent d’être décodés, car chaque minute compte. En fait, non seulement les raccourcis propres à ces médias, mais toutes les abréviations, sigles et acronymes qui empoisonnent littéralement l’existence des langagiers. Mine de rien, nous passons une partie de notre vie à apprendre des sigles et acronymes que seules les personnes travaillant dans le même milieu que nous peuvent comprendre.

Vous pouvez constater à quel point la technologie peut réduire notre fardeau pour la traduction de Twitter et d’autres nouveaux médias, chacun nécessitant une certaine adaptation. De tels moyens permettront aux langagiers d’avoir des clients plus satisfaits et d’étendre leur champ d’action.

Remarque

  • Retour à la remarque 1* Voir « Rêves réalistes d’un langagier », L’Actualité langagière, vol. 7, no 4 (décembre 2010), p. 17. Aussi consultable dans les Chroniques de langue, au www.btb.termiumplus.gc.ca/tpv2guides/guides/chroniq/index-fra.html?lang=fra.