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Traduire le monde : Le Timor-Oriental et autres pays

André Racicot
(L’Actualité terminologique, volume 35, numéro 3, 2002, page 24)

Un nouvel État souverain est né en mai dernier. La partie portugaise de l’île de Timor a en effet accédé à l’indépendance sous le nom de Timor-Oriental. Le nouveau pays était d’ailleurs déjà connu à cause de ses démêlés avec l’Indonésie.

Vous aurez peut-être remarqué que le plus souvent, la graphie Timor oriental est employée pour désigner le nouvel État, une graphie qui, à nos yeux, va à l’encontre du bon usage pour les appellations géopolitiques. En fait, les dénominations de construction semblable, c’est-à-dire avec un substantif suivi d’un adjectif, sont généralement soumises à deux règles : 1) un trait d’union sépare le substantif et l’adjectif; 2) l’adjectif prend la majuscule.

Exemples : Virginie-Occidentale, Hollande-Méridionale, Royaume-Uni.

Le Timor-Oriental étant une entité politique, il est donc préférable de l’écrire de la même manière que Virginie-Occidentale.

Les appellations purement géographiques, elles, s’écrivent sans trait d’union ni majuscule à l’adjectif, comme l’Amérique centrale. D’ailleurs, ces règles sont confirmées par Grevisse… non, attendez, par Hanse… Non plus, zut! En fait, ces règles ne figurent nulle part… Personne ne semble s’être donné la peine de consigner un usage apparemment bien établi.

Alors où chercher? Comme les dictionnaires se contredisent quelquefois sur les graphies, la tentation est forte d’interroger le monde nébuleux du cyberespace. Il faudra toutefois y repenser, car les moteurs de recherche traitent sur le même pied sites sérieux et sites farfelus. Le nombre d’occurrences élevé d’une graphie ne lui confère nullement ses lettres de noblesse. Ici, la plus extrême prudence est de rigueur.

Mais pas besoin d’aller folâtrer sur le Web pour trouver des contradictions. Certains voudraient faire de la Terre un seul pays. Encore faudrait-il s’entendre sur l’emploi de la majuscule! Pensons à ces trois paisibles contrées : la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie, communément appelées pays Baltes (selon la graphie du Larousse), ou encore pays baltes (d’après le Robert des noms propres). En fait, les deux orthographes sont logiques : les toponymes ne requièrent-ils pas habituellement la majuscule à l’élément déterminatif? D’où pays Baltes. Mais cette dénomination ne serait-elle pas une appellation générale à laquelle la minuscule conviendrait davantage? Après tout, n’écrit-on pas les pays nordiques, les pays balkaniques? Les graphies pays Nordiques et pays Balkaniques sont inusitées.

Les choses se corsent avec les appellations désignant une seule et unique contrée, comme le Pays basque et le pays de Galles. Ici, les deux grands dictionnaires sont au diapason. Cette unanimité ne devrait pas faire oublier l’inquiétant jeu de bascule de la majuscule dont est victime le mot « pays ». Où est la logique dans tout cela?

En tout cas, beaucoup de rédacteurs ne semblent pas en faire grand cas : Pays Basque, pays Basque, Pays de Galles, et même pays de galles. Comme quoi, nul n’est prophète en son pays… Pour éviter le dépaysement, mieux vaut revenir en pays de connaissance, c’est-à-dire à nos bons vieux dictionnaires connus. Ce ne sont pas des pays de Cocagne, certes, mais au moins on s’y retrouve.