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Juridictionnaire

de- / dé- / des- / dés-

Éléments issus du préfixe latin dis- et marquant l’éloignement, la séparation ou l’opposition, ces préfixes ont servi à former des substantifs et des verbes négatifs qui ont, mais pas toujours, des correspondants positifs.

Le préfixe négatif de- devient dé- ou dés- lorsqu’une voyelle au début du mot pris pour racine ferait hiatus. Il n’a pas toujours la même valeur : il peut servir à former des mots en exprimant les idées de privation, de cessation ou de négation. Il forme des néologismes appartenant à diverses activités humaines : la déclergification est l’action de priver l’Église de son caractère clérical ou, du moins, d’atténuer ce caractère, ou le résultat de cette action; la décohabitation est l’opération qui tend à mettre fin au fait pour un certain nombre de personnes qui ne sont pas de la même famille de cohabiter en un même lieu par la construction et la mise à disposition de logements adaptés à leur destination; la déconsommation est l’état qui crée une baisse de la demande de biens et de services; la déhiérarchisation est l’action de suspendre temporairement ou définitivement l’organisation hiérarchique d’un ensemble, d’une entreprise, ou d’abolir systématiquement les hiérarchies; la départisation est l’action dont l’objet est d’affaiblir le rôle des partis politiques et de diminuer l’intérêt que lui porte la population; la déségrégation est la suppression de toute forme de ségrégation, notamment raciale; la désincarcération est l’opération qui, dans la langue technique du sauvetage, consiste à libérer les victimes d’un accident bloquées dans un véhicule ou sous un éboulis; la désinformation est l’action de tenir le public dans l’ignorance d’un problème ou d’une situation; la désyndicalisation est la réduction du recrutement des membres et l’atténuation de la conscience syndicale des travailleurs et des travailleuses.

On le voit, ce préfixe privatif construit de nombreux substantifs désignant l’action ou l’état inverse de ceux exprimés dans chaque cas par le terme contraire. Ces néologismes prolifèrent dans l’usage courant, mais ils trouvent un terrain d’élection fécond dans les matières connexes au droit : les finances, la politique, les affaires. La débudgétisation (se reporter à l’article BUDGET) est l’action de faire supporter une dépense par d’autres ressources que celles qui alimentent normalement le budget ou de ne plus inscrire dans le budget de l’État une dépense qui, jusque-là, y figurait, et que l’on préfère financer par d’autres moyens; la démunicipalisation est l’action de retirer à des organismes la gestion d’une région et à la confier à l’État; la désétatisation est la remise au secteur privé de ce qui était placé sous le contrôle de l’État ou la réduction des contrôles et des subventions étatiques; la dépolitisation est l’action d’enlever à un groupe social toute activité politique ou de détourner son esprit des préoccupations politiques; la déconfessionnalisation est l’action de réduire ou de supprimer les attaches, la référence à une confession religieuse; la dénationalisation est l’action de rendre au secteur privé une entreprise précédemment nationalisée; la dénucléarisation est l’action d’interdire la fabrication ou le stockage des armes nucléaires; la dépollution est l’action d’atténuer ou de diminuer la pollution, ou le résultat de cette action.

Il est particulièrement intéressant de relever dans le vocabulaire juridique des néologismes qui se sont formés par addition simultanée du préfixe négatif de- et du suffixe -isation ou du suffixe verbal -iser, éléments que l’on appelle en linguistique des dérivés parasynthétiques. Souvent le substantif est de formation récente, alors que le verbe est plus ancien : ainsi, pénalisation et dépénalisation ont tous deux été créés après l’apparition dans la langue des verbes pénaliser (au XIXe siècle) et dépénaliser (au XXe siècle).

Au cours des trente dernières années, la langue du droit a senti la nécessité de créer certains dérivés parasynthétiques de ce type afin de mieux décrire des réalités juridiques nouvelles. Voir, à ce sujet, DÉCRIMINALISATION.